coucou les filles, alors mon loulou fait 8,350kg et 70cm, la taille d'un bb de 1 an, il est très éveillé, il a une assise stable, il ne manque plus qu'à se redresser, enfin bref que du bonheur de le voir alors qu'il y a 6 mois, nous étions au fond du gouffre, il venait de partir, je me retrouvais "seule" (sans bb) dans cette maternité, avec la pluie qui tapait et coulait sur la fenêtre, aujourd'hui je suis chez moi, avec mon bb dans son lit, il fait grand beau temps, ça fait du bien. bref un bonheur intouchable. pour la peine, je lui ai écrit un "petit" (tout petit
) texte, je vous le met :
Ce 13 mars à 7h30, tu venais agrandir notre famille et tu me faisais devenir pour la 3ème fois maman. Tu avais décidé d’arriver le plus vite possible pour naître dans la chaleur de ton foyer et nous laisser la chance de partager ce bonheur à 3 : toi, ton papa et moi, ce fût un moment unique, magique et merveilleux même si c’était la pire de mes appréhensions et que pour rien au monde je voudrais le revivre mais j’avoue que ce moment a été un mélange de beaucoup de sentiments (joie, bonheur, colère, peur…) et que je ne regrette pas d’avoir vécu cette si belle expérience.
Tu étais si parfait, tout potelé, un bébé comme je les aime, je t’ai couvert de bisous dans cette ambulance qui nous conduisait où tu aurais dû voir le jour mais on leur a bien mâché le travail mon champion. Tu nous fais une petite frayeur en cyanosant mais la médecin te stimule et tu reprends tes belles couleurs rosées, elle pense que tu as un peu froid car dehors il pleut et il fait froid mais nous sommes mi mars rien de très étonnant, mais dans cette cellule il fait 40 degrés, j’ai demandé une seule fois à faire baisser la température, je me suis fait taper sur les doigts car elle pensait d’abord à toi si petit, nu comme un vers (mais moi aussi après tout), nous étions en peau à peau et je n’ai jamais eu si chaud de toute ma vie mais c’était une belle chaleur, la chaleur de l’amour.
Nous arrivons à destination, tu es pris en charge de ton côte, moi du mien mais là tout va très vite, on nous apprend que tu as du mal à t’oxygéner, tu pars en néonat, ton papa arrive et monte te retrouver, on m’amène en chambre et là ton papa arrive en pleurs, mon coeur s’emballe, mes mains deviennent moites, la chaleur s’empare de mon corps, je me sens mal, très mal et je lui demande d’une voix sanglotante « il est parti ? », il me répond que non mais que les médecins te laissent 1h pour récupérer. Je prend une douche pendant que ton papa rappelle toutes les personnes qu’il avait appelé en venant nous retrouver, toutes ces personnes folles de joie qui attendaient le début d’après midi pour venir te rencontrer, il fallait bien leur annoncer que nous ne serions pas disponibles pour eux car nous pensions passer la journée en néonat avec toi. Nous montons te rejoindre et là je te vois et la 1ère image qu’il me reste en tête c’est cette lutte acharnée pour survivre, ton thorax s’enfonce à chaque inspiration, ton ventre touche ton dos c’est impressionnant la force que tu mets et en même temps si atroce de te voir souffrir comme ça. J’essaie de te stimuler mais la pédiatre nous explique que tu ne réagiras à aucune stimulation, ta priorité est de t’oxygéner tant bien que mal. Le cliché de ta radio pulmonaire arrive et le verdict tombe : un poumon blanc et le 2ème blanc au un tiers, tu respires avec les 2/3 d’un poumon, nous savons que chaque mouvement respiratoire nous prouve que tu es toujours avec nous mais d’un autre côté à chaque nouvelle respiration c’est du temps en moins pour ta vie. la décision est prise et 3 mots résonnent comme un tsunami dans ma tête, mon corps et mon coeur de maman : coma, intubation, transfert. Trois mots qui m’anéantisse, je ne comprend plus rien, j’entend des gens parler (les médecins), des sanglots (ceux de ton papa) mais je suis dans ma bulle, je te regarde lutter jusqu’à la médicalisation, les médecins nous font sortir 30 (très longues) minutes quand nous revenons, je te vois là sur ton petit matelas chauffant enfin serein et apaisé, tu ne souffres plus, ça se voit, ça s’entend, le respirateur a pris le relais pour te soulager et te laisser enfin un peu de répit pour récupérer sans efforts, tu es si beau et là je me sens bien malgré toutes ces machines et ton état mais en tant que maman le plus dur je crois est de voir souffrir son enfant, le voir se battre contre la mort et là je sais que si les choses ne s’arrangent pas, j’aurais mal à en crever mais tu partiras sans souffrances et pour moi, je crois qu’à ce moment précis c’est bien le l’essentiel. Les médecins nous laissent avec toi mais le samu pédiatrique arrive très vite derrière, ils te prennent en charge, nous te suivons jusqu’à l’ascenseur et je vois les portes se fermer et là la seule question « le reverra t’on vivant ? ».
ton papa te suit, moi je suis obligée de rester à la maternité, je suis accompagnée mais ce ne sont pas les personnes que je veux près de moi, je te veux TOI, c’est dur, je me contiens devant ma famille mais c’est dur, j’attendrais que tout le monde parte pour pouvoir m’effondrer et prier, prier auprès de ton arrière grand-mère, ma mémé adorée qui nous a quitté il y a 1 an presque jour pour jour (16 mars 2010), je la supplie de te refuser l’accès au Paradis, tu n’y as pas ta place, ta place est près de moi, ton papa et tes grandes soeurs, tu n’as pas le droit de ne pas nous connaitre, tu as le droit de vivre, j’ai prié toute la nuit et le lendemain nous apprenions que tu allais mieux et qu’ils allaient tenter l’extubation, j’ai pu être à tes côtés pour ce moment, une grosse angoisse s’est emparée de moi, j’avais si peur que tu sois si faible pour respirer tout seul mais à la surprise générale tu l’as fait, ça y est tu respirais enfin seul sans souffrances, tu resteras encore un jour en réa mais le plus dur est derrière nous.
Je te remercie pour tout ce que tu as accompli, pour la force que tu nous apportes chaque jour, tu es la preuve que les miracles arrivent même quand on pense que la bataille est perdue d’avance, je te remercie de t’être battu comme un chef comme dirait la pédiatre de néonat.
Mon p’tit père, je t’aime. Ta Maman
bisous mes zinzins je vous laisse, Loris se réveille